Comme l’an passé, le Caribana Festival a eu la bonne idée de
consacrer une soirée entière à des artistes rock et au-delà. Car ce
mercredi soir 6 juin 2018, il y en avait pour tous les goûts, que ce
soit le rock bluesy de The Last Moan, le retour du death metal
teinté de folk de nos amis d’Eluveitie, la fougue explosive de Mat
Bastard, les vétérans de Status Quo ou encore, pour les couche-tard,
la révélation australienne Ecca Vandal et son mix de punk post rock.
Alors que le soleil joue à cache-cache avec les nuages, cette
deuxième journée est lancée par le set des valaisans de The
Last Moan. Récemment couronné d’un Swiss Live Talent Award
dans la catégorie rock metal, le duo démarre devant une assistance
très réduite, mais qui ne va cesser de s’agrandir. Musicalement,
c’est en fin de compte du rock plus blues que hard. Probablement à
cause de la configuration guitare/batterie, on se met à rêver que ce
slot aurait pu être confié à Royal Blood, pour que cela décolle un
peu plus. Sauf erreur de ma part, il m’a semblé qu’en milieu de set,
on a eu droit à une reprise du vénéneux « To Bring You My Love » de
PJ Harvey. Pas de reproche, mais pas d’enthousiasme non plus de ma
part pour un groupe assez quelconque musicalement.
Heureusement, les choses sérieuses sont prévues à 19.30 heures déjà
avec le retour d’Eluveitie au Caribana, cette fois
avec un statut de valeur confirmée de la scène metal. Toujours sous
le soleil, les 8 musiciens font leur apparitions devant une foule
elle aussi clairsemée. Un inconvénient que de jouer à l’heure du
repas, mais comme à Caribana, on peut manger tous le temps et
partout, le public a la bonne idée d’abandonner les stands pour
rejoindre rapidement la Grande scène.
J’avais
vu Eluveitie lancer sa tournée des festivals d’été à la fin du mois
de mai à Monthey dans le cadre de l’Irréversible Festival. Ce soir,
ils sont de retour, toujours sans leur bassiste, avec un set
raccourci car le créneau est de 60 à 75 minutes maximum.
Le
son est juste incroyable. Non seulement, c’est puissant mais en plus
le mix est vraiment pas mal et on entend pour une fois bien chaque
instrument. Comme à Monthey, on a droit à « Omnos » suivi par «
Lugus », avant que « Artio » puis surtout « Epona » ne soient joués.
Autant j’aimais beaucoup ce qu’apportait Anna Murphy au groupe que
je dois avouer que l’arrivée de Fabienne Erni a permis de
redynamiser le groupe comme je ne m’y attendais pas. Elle assure ses
parties voix avec une facilité déconcertante et s’approprie aisément
les chansons.
Curieusement, le batteur s’est ensuite lancé
dans un solo bien dispensable, surtout un soir où le temps est
compté. Bon cela laisse à tout le monde la possibilité de souffler,
mais quand même, pas la meilleure idée. Heureusement, cela repart
avec « Thousandfold », « Call Of The Mountains » et « Rose For Epona
». Manque juste « Quoth The Raven » là au milieu.
Entre deux
morceaux, Chrigel prend la parole, en anglais, pour remercier
sincèrement ceux qui ont rendu possible le retour de son groupe à
Caribana. Le set se poursuit toujours aussi bien avec « Alesia » et
ô surprise « Inis Mona » qui clôture généralement les concerts
d’Eluveitie ! Quid du dernier single « Rebirth » joué lors de tous
les rappels depuis sa sortie ?! Rien, c’est fini. Circulez.
Hormis quelques inconditionnels vêtus aux couleurs du groupe, il
semble évident que de nombreux spectateurs ne sont pas venus ce soir
à Caribana pour Eluveitie. Cela s’est vu quand Chrigel et Fabienne
tendaient le micro sur les chœurs d’ « Inis Mona » et que le retour
du public était faiblard. Mais les gens, surtout des sexagénaires
venus pour Status Quo ont l’air d’avoir beaucoup apprécié le set
d’Eluveitie, qui a quitté la scène très applaudi.
En
regardant ma montre, je constate que cela a duré 50 minutes ! Ce
soir c’était court. Heureusement, c’était vraiment une performance
super carrée, probablement le meilleur concert que j’ai vu d’eux
dans le cadre d’un festival au niveau du spectacle proposé. Respect
aux programmateurs du Caribana qui ont pris un sacré pari en
conviant Eluveitie sur la grande scène avant Status Quo.
Avant
les papys anglais, il y avait encore de quoi se faire plaisir sur la
Scène du Lac avec le projet solo de Mat Bastard, ex et futur Skip
The Use dont la reformation a déjà été annoncée. Pas de mystère,
l’amuseur public français fait du Mat Bastard. Rien
de franchement original, mais pour un concert de festival, c’est
exactement ce que les gens veulent : que cela bouge, que l’on rigole
et que l’on prenne du bon temps. Accompagnés de deux guitaristes qui
riffent comme des pros, cela envoie bien dès le début du set. Il ne
faudra pas 5 minutes pour que le français commence à faire n’importe
quoi, comme partir se promener dans le public, faire de selfies et
des hugs tout en continuant de chanter. Là au milieu de ce brouillon
sonore, on reconnaît une reprise manquée de Louise Attaque, mais on
vit aussi un moment sympa quand un petit gars est invité sur scène
et qu’il se retrouve à sauter en l’air avec Mat Bastard. Sûr qu’il y
en a un qui va avoir des bons souvenirs de son Caribana 2018.
Personnellement, le meilleur moment, c’était quand même les deux
reprises de fin de set, avec d’abord « Killing In The Name Of » de
Rage Against The Machine. Comme le groupe original n’existe plus, la
reprise de Mat Bastard reste le meilleur substitut que l’on peut
trouver et puis cela fait toujours plaisir de voir que les punks
engagés de Bérurier Noir ne sont pas oubliés, presque 30 ans après
le split historique de l’Olympia. Alors quel bonheur d’entendre «
Porcherie » et son refrain mythique joué par Mat Bastard et son
équipe. Rien que pour cela merci les gars.
Quiconque s’intéresse un peu à la musique et au rock ne peut ignorer
l’existence de Status Quo, un groupe qui a pondu
des tubes taillés pour les stades tels que « In The Army Now » ou «
Rockin’ All Over The World ». Bientôt la septantaine, Francis Rossi
est un peu statique, mais pas tant que cela. II a encore de la voix
et avec ses acolytes, ils enchainent les morceaux pour le bonheur de
leurs fans dont de nombreux étaient accrochés aux crash déjà avant
Eluveitie. Avec un jeu de lumière très moyen mais un son très
correct, les morceaux s’enchaînent. J’ai l’impression d’entendre 5
fois la même chanson de suite tellement les tempos sont similaires.
La pluie a repris possession du ciel et on se fait bien rincer, ce
qui amuse Rossi, mais qui compatit quand même. Il faudra attendre la
fin du set pour entendre les 3 tubes que je connais et il faut
relever que les Status Quo, eux, ont joué un peu plus longtemps que
prévu.
A peine le temps de s’enfiler une crêpe de réconfort
que démarre le dernier concert de la soirée avec l’australienne
Ecca Vandal sur la Scène du Lac. Terriblement
brouillon, cela peine à décoller, avec une voix mal mixée (très en
retrait) et surtout un groupe qui a de la difficulté à proposer une
base instrumental solide pour sa chanteuse. Après quelques
morceaux
cela s’améliore, mais on est loin du talent brut estampillé
découverte immanquable. Sur scène pourtant elle et ses musiciens
bougent beaucoup, mais pas de quoi convaincre vraiment les gens de
braver la pluie pendant très longtemps. Pour une fille qui dit avoir
grandi notamment avec Deftones et Meshuggah, on devine mal ses
influences en écoutant son concert. Dommage, mais à revoir quand
elle aura un peu plus de bouteille.
Enfin, la conférence de
presse finale du festival a laissé entendre que l'an prochain, il
pourrait y avoir encore un peu plus de metal à l'affiche, notamment
pour permettre un tour de chauffe à des groupes qui joueront ensuite
dans les gros festivals européens. On croise les doigts et on se
réjouit déjà de l'an prochain.
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