Sous un soleil de plomb, l'Arena de Genève accueillait ce
mardi 26 juin 2018, la tournée Legacy of The Beast du groupe Iron
Maiden. 38 dates dans toute l'Europe dont 2 en Suisse, à commencer
par celle-ci avant un nouveau rendez-vous zurichois en juillet. Deux
jours après avoir clôturé le Hellfest, les britanniques étaient de
retour à Genève pour un show monumental qui a fait la part belle aux
classiques sur de somptueux décors mettant en scène Eddie. Ce soir
l'Arena était pratiquement sold out et voir autant de shirts frappés
du logo du groupe était impressionnant.
Killswitch Engage Avant Maiden, le public a
d'abord eu l'occasion d'apprécier la prestation des américains de
Killswitch Engage et son metalcore ultra puissant. Manifestement,
les britanniques ne craignaient pas la comparaison et n'ont eu
aucune appréhension à prendre une première partie qui est un cran au
dessus au niveau de l'agressivité. Avec pratiquement 20 ans
d'activité au compteur déjà, les musiciens de Killswitch Engage ont
balancé un set de 50 minutes super carré. Un son au top après
quelques réglages et un jeu de scène sans artifice mais qui
témoignait de beaucoup de métier. Opéré des cordes vocales en début
d'année, le chanteur Jesse Leach semblait totalement remis et a pu
se lâcher pendant tout le concert.
Iron Maiden
A 20.50 heures, lorsque les dernières notes de "Doctor Doctor" se
sont terminées, les écrans sur les côtés démarraient des vidéos
noir/blanc d'avions et de pilotes. On entendit la voix basse
Churchill dans les enceintes et lorsque les lumières se rallumèrent,
le groupe au complet débarqua sur scène accompagné d'un incroyable
spitfire suspendu au plafond. Bruce était habillé en pilote d'avion
avec le casque emblématique de la seconde guerre. Janick Gers sur la
droite de la scène en faisait déjà des tonnes pendant que son
chanteur passait de gauche à droite à la vitesse du son. Le premier
morceau ce soir, "Aces High" donc si vous n'aviez pas deviné, mit la
barre extrêmement haut pour le reste de la soirée.
On resta dans le thème de la guerre et dans le début des années
80 sur le plan musical avec "Where Eagles Dare" sur Hitler et son
nid d'aigle, puis "2 Minutes To Midnight" consacrant les deux
minutes qui nous séparent de la fin du monde sur horloge du même
nom.
Après ces trois premiers morceaux, Bruce prit la parole
dans un français parfait pour d'abord s'étonner de la taille de ce
petit club (sûr qu'après le Hellffest, tout semble petit) puis
expliquer que justement cette première partie était consacrée à la
guerre, une épreuve que les Suisses n'avaient pas connu récemment,
mais que les "rosbifs" oui. Si, si, il a bien dit les rosbifs
démontrant une étonnante connaissance de notre langue et de nos
expressions.
La chanson suivante fut introduite en français
également, "Clansman" relatant l'histoire de William Wallace (héro
de "Braveheart" sous les traits de Mel Gibson). Si les morceaux les
plus récents de Maiden ne sont pas mes préférés et encore moins ceux
sans Dickinson, rien à redire sur ce titre et son intro magique
jouée par le patron, Steve Harris, pendant que Bruce levait son
sabre à tout bout de chant pour inciter à la révolte.
Retour au classique direct après : même si elle fait régulièrement
partie des setlists de Maiden, c'est toujours un bonheur d'avoir
droit à "The Trooper". Bruce agitait bien sûr son drapeau et ne
manquait pas d'en utiliser rouge à croix-blanche pendant qu'Eddie
débarquait pour la traditionnelle course-poursuite entrecoupée de
combats de sabre. Ce soir les backdrops étaient tous plus
incroyables les uns que les autres. Le show était vraiment pensé
pour les yeux aussi et le son, pour une (première) fois à l'Arena,
était simplement à la hauteur d'un groupe de ce calibre.
Après un "Revelations" un peu trop plat à mon goût, s'en est suivi
un passage un peu moins excitant à mon goût sur le thème de la
religion, pourtant magnifiquement mis en valeur par des faux
vitrails représentant Eddie (comme ceux sur le poster de la
tournée). A noter que l'on vit alors enfin Nicko McBrain. Sur les
premières chansons, son énorme drumkit était en effet caché derrière
un filet militaire et on ne le voyait que de temps à autres sur les
écrans vidéo. Bruce balancait des "ça va Genève" ou des "Scream For
Me Geneva" pour chauffer le public qui n'avait pourtant pas besoin
de motivation supplémentaire. Après un dispensable "For The Greater
Good Of God", "The Wicker Man" fût introduite par un "C'me on you
Pagans" avant de céder sa place à "Sign Of The Cross" et sa superbe
partie instrumentale.
C'est
à la moitié du concert que l'ambiance est remontée d'un cran avec un
trop rare "Flight Of Icarus" (disparu des setlists depuis 1986) et
son jeu de scène que Rammstein n'aurait pas renié, même si les
chalumeaux de Bruce ressemblaient à des jouets pour enfant comparé à
l'attirail scénique pour lequel les Allemands sont connus. A peine
le temps d'éteindre les flammes et les lumières que l'on s'est
retrouvé dans cette pénombre que l'on craint tant depuis 1992 pour
une belle version de "Fear Of The Dark" reprise en choeur par la
fosse. Si vous pensiez mériter une bière après une heure de concert,
vous avez encore dû attendre "The Number of The Beast" avec ses
flammes jusqu'au plafond, puis l'un des morceaux fondateurs, "Iron
Maiden", qui fétait ses 38 ans cette année avant la fin du set.
Bien sûr, ils furent applaudis à tout rompre et le public obtint
ainsi le droit à un dernier rappel issu des années 80s, à l'évidence
une de ses meilleures périodes, avec The Evil Theat Men Do", puis
"Hallowed Be Thy Name, pour enfin se conclure sur un superbe "Run To
The Hills". Même si nombreux crurent et espérèrent un second rappel,
le concert était terminé. Compte tenu de l'importante production,
pas de place à l'improvisation et le concert est identique d'un soir
à l'autre. Pas de regret à avoir quant à ce second rappel auquel
Bruce nous a fait croire car sur les premières dates, la setlist a
été identique chaque soir.
Quelle claque de la part de ces
sexagénaires qui ont une énergie incroyable pendant deux heures et
une joie d'être sur scène qui fait plaisir à voir. Certains groupes
historiques comme Maiden sont devenus des cover bands de leur propre
répertoire avec au mieux un ou deux membres originels. Avec Iron
Maiden, c'est le meilleure line-up qui tourne et qui continue
d'écrire son histoire plutôt que de vivre dans l'ombre de son passé.
Si vous avez l'occasion de voir cette tournée, n'hésitez pas!
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