Ce samedi 26 mai 2018, la deuxième édition de l’Irréversible
Festival à Monthey se terminait en beauté avec un second jour
consacré au metal sous toutes ses formes. Pas moins de 9 groupes
présents pour enchainer en alternance sur deux scènes pendant 8
heures.
Situé comme l’an passé dans la zone industrielle des
Ilettes, l’Irréversible est le premier open air de la saison en
Suisse romande et surtout le seul de la région à mettre autant en
avant le metal.
Flayst Avec quelques minutes d’avance sur le
planning, l’inusable Duja annonçait Flayst, le premier groupe à
fouler la seconde scène. Encore clairsemée, la masse de festivaliers
ne s’est pas faite prier pour venir sous la tente, d’abord parce
qu’il commençait à pleuviner, et surtout parce que le son des
Romands était énorme. Rarement, un groupe lancé en pâture en fin
d’après-midi dans un festival a pu bénéficier d’une puissance sonore
pareille. C’était maîtrisé et costaud du début à la fin. Première
bonne surprise de la soirée.
Caliban
La pluie s’est bien intensifiée et il faut désormais
retrouver la grande scène en plein air car Caliban va démarrer son
set. Les Allemands sont de bonne humeur, contents d’être là et n’en
ont juste à rien à cirer qu’il pleuve. Le public a bien suivi aussi
alors comme ils disent si poétiquement « Fuck The Rain » ! Emmené
depuis maintenant plus de 20 ans par Andreas Dorner, le groupe de
metalcore joue fort. La voix est superbe et le chanteur est très à
l’aise sur scène. Après quelques chansons, il se trempe très
solennellement les cheveux dans une flaque sur le devant de la
scène, avant de repartir sautiller en chantant pendant que le public
lance un circle pit. Quelle énergie avec un set d’une heure consacré
principalement à leurs deux derniers albums, dont le tout récent «
Elements ». Pas dénué d’humour non plus, car en fin de set, ils ont
fait une reprise de Rammstein avec « Sonne », qui, à défaut d’avoir
ramené le soleil, a au moins permis à la pluie de s’arrêter. L'an
prochain on renomme le festival l'insubmersible!
Tyrmfar Sur la deuxième scène, ce sont les locaux de
Tyrmfar qui prennent le relais avec un set black metal joué avec
passion, quoi que sans le maquillage panda de rigueur pour ce genre
de musique. Le groupe avait annoncé peu avant que ce serait leur
dernier
concert avec leur chanteur actuel. Personnellement, je n’ai pas trop
accroché et comme il faut bien se nourrir à un moment ou à un autre,
j’en ai profité pour aller manger. L’avantage de jouer fort c’est
que cela s’entend de loin, y compris depuis les tables des stands de
nourriture. Et je dois dire que le set Tyrmfar sonnait vraiment
mieux une fois que j’avais quitté le devant de la scène où je
m’étais d’abord tenu pour les photos. Les amateurs de Black
semblaient très contents de cette prestation et c’est bien là le
principal.
No One Is Innocent
Première grosse tête d’affiche avec No One Is Innocent. Je les avais
vu l’an passé sur la grande scène de Rock Oz’Arènes et j’avais été
bluffé par leur énergie. Ce soir, sur le sol valaisan, ils sont tout
aussi remuants dès les premières notes de « Djihad Propaganda ». Le
soleil est revenu en plus (merci Caliban !), donc tout est parfait
pour un set d’une heure qui a semblé bien court. Kemar et les One
sont en tournée pour promouvoir leur album Frankenstein donc on a eu
droit à de nombreux extraits de celui-ci, notamment un magnifique
titre en hommage à Mohamed Ali. Depuis ses débuts il y a plus de
vingt ans, le groupe est toujours engagé socialement et le premier à
dénoncer les injustices. Pas étonnant ainsi de les voir emprunter
aux Bérurier Noir le fameux extrait de « Porcherie » : la Jeunesse
emmerde le Front national, pour l'intégrer à leur « Nomenklatura ».
Trente ans après sa sortie, ces paroles sont toujours d’actualité,
les générations Le Pen n’ayant connu aucune amélioration.
Probablement le groupe le moins heavy sur scène ce soir, les
français ont quand même bien musclé le set en mettant l’accent sur
les guitares. Niveau communication, rien à redire. On voit que
l'ambiance dans le groupe est bonne et avec le public francophone
cela passe toujours bien. Il y a même un gars du public qui a tant
attiré l'attention que Kemar est descendu lui tendre le micro pour
qu'il annonce bien fort le nom du nouvel album. Evidemment, cela ne
pouvait pas terminer autrement : on a eu droit au classique « La
Peau » en fin de set et les No One sont sorti de scène sous de
nombreux applaudissements.
Cold Night For An
Alligator Sur la seconde scène, ce sont les Danois de
Cold Night For An Alligator qui enchaînent. J’en avais jamais
entendu parler avant qu’ils annoncent leur venue à l’Irréversible.
Visiblement, je ne suis pas le seul car la foule est clairsemée.
Sous leur air sympa d’étudiants en architecture, ce sont pourtant
des musiciens redoutables avec un chanteur investi qui a déjà une
présence incroyable sur scène. Très technique, leur musique est
puissante et l’exécution impeccable. On m’expliquera après coup que
dans leur pays, ils ont déjà un sacré parcours et jouissent d’une
certaine notoriété. Ce soir, ils doivent un peu avoir eu
l’impression de recommencer de zéro et pourtant ils la jouent à
fond. Un groupe que l’on devrait revoir prochainement je l’espère.
Tesseract
Appelé avec Caliban pour remplacer la défection de Monuments,
Tesseract est arrivé à Monthey complétement jetlagué de New York où
ils terminaient leur tournée américaine. Les anglais ont néanmoins
su passer outre pour donner une superbe prestation. Leur metal
progressif, très technique lui aussi, ne laisse guère de place à
l’approximation et le rendu a été grandiose. Heureusement que sur le
plan musical c’était autant réussi car pour ce qui est de la partie
visuelle, c’était le calme plat. Pas de véritable backdrop, pas de
jeu de lumière, pas de mouvements sur scène, rien. Autant vous dire
que le jour où ils sortent une captation live d’un concert, pas
besoin d’acheter le dvd, le cd suffira. Le chanteur a un peu
communiqué avec le public, notamment pour dire que s’ils étaient
contents d’être bientôt de retour à la maison, ils étaient néanmoins
ravis d’être là. Il a également promis que le groupe allait ensuite
se mettre une caisse au bar pour fêter la fin de la tournée. Je ne
sais pas si cela a eu lieu, mais en tous les cas, pari réussi de la
programmation qui a trouvé avec Caliban et Tesseract deux solutions
de remplacement qui ont bien fait oublier l’absence de Monuments.
Promethee
Reprise des hostilités immédiate sous la tente avec les genevois de
Promethee pour le set le plus heavy du weekend (certes je n’étais
pas là le vendredi, mais je doute fort qu’un artiste du premier jour
ait pu proposer plus costaud que Promethee). Dix ans qu’ils écument
les scènes de Suisse et désormais du monde entier, les genevois sont
à Monthey ce soir sans leur nouvel album (prévu pour cette année),
mais le toujours bien renseigné Duja nous promet trois nouveaux
titres en primeur dans son speech d’introduction. Le temps
d’éteindre les lumières, de brancher les strobs et c’est parti pour
une petite heure d'un hardcore super heavy. Le public est ravi et si
les gens sont sous la tente de la petite scène, ce n’est pas à cause
de la pluie qui n’a pas repris, mais bien parce que la performance
est superbe. Il faut dire aussi qu’après Tesseract, il était un peu
nécessaire de passer à quelque chose de puissant avec des musiciens
pour qui "avoir de la retenue" n'a aucune signification.
Eluveitie
Dernier groupe sur la grande scène, Eluveitie lançait ce soir sa
tournée des festivals européens. Chaque fois que je vois notre
groupe préférée de folk metal, j’ai l’impression qu’il y a des
musiciens supplémentaires. Faut dire qu’après l’important changement
de line-up intervenu en 2016, il y a encore eu une nouvelle arrivée
l’an passé avec Fabienne Erni, dont la présence et l’apport musical
sont indéniables. Certes le côté rugueux des compositions existe
toujours, mais le fait d’avoir plusieurs musiciennes capables
d’assurer des parties vocales contrebalance magnifiquement le chant
caverneux de Chrigel. Quand je dis que j'ai l'impression qu'il y a
chaque fois plus de musiciens sur scène, c'est pas tout à fait vrai
car pour ce soir, pas de trace du bassiste ! Visiblement pas un
problème car une bande fait l'affaire (ou un roadie derrière le
rideau ?). Le show démarre bien avec un bon son, mais rapidement, on
constate que certains instruments sont très discrets dans le mix, en
particulier le hurdy gurdy. Pas facile de faire cohabiter autant de
musiciens sur scène! Le dernier album d'Eluveitie, Evocation II,
sera revisité avec notamment "Epona" et "Lugus", mais au final
pratiquement chaque album sera représenté dans la setlist. Pour ma
part, le meilleur passage du set se situe au milieu avec un bel
enchainement "Quoth The Raven", "Call Of The Mountains" et "A Rose
For Epona" Comme souvent, le leader s’essaiera à quelques mots de
français et comme souvent il s’arrête assez vite pour achever sa
première phrase déjà en anglais. Ce soir, il s’est arrêté à «
Mesdames Messieurs ». Le public ne lui en tient pas en rigueur (on
s’imagine deux secondes sur scène à Winterthur pour s’adresser en
dialecte au public local ?) et il aura même droit à Happy birthday
pour son anniversaire qu’il fêtait ce soir. Le rappel sera sans
surprise constitué du nouveau single "Rebirth" et de l'inusable
"Inis Mona" qui mettent tout le monde d'accord : très bon concert de
nos compatriotes ! La bonne nouvelle c’est que la saison des
festivals vient juste de commencer et que le groupe reviendra à
plusieurs reprises sur les scènes suisses, que ce soit à Caribana,
au Z7 Summer Nights ou encore à Gampel pour n’en citer que
quelques-unes.
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