L'année 2018 a débuté aux Docks de Lausanne avec une soirée
ultra heavy puisque ce sont les thrashers allemands de Kreator qui
s'y produisaient, en exclusivité suisse, accompagnés de Vader et de
Dagoba. Si vous aviez encore des chants de Noël coincés dans la
tête, c'était la bonne occasion pour un grand nettoyage.
Dagoba
Ce soir, il ne fallait pas tarder à venir aux Dock avec une première
partie à 19.25 heures déjà (on mange quand?) à qui on avait accordé
une demi-heure pour chauffer une salle encore peu remplie. Cela
faisait longtemps que je n'avais pas revu Dagoba en concert et je
n'ai pas été déçu, alors que ces dernières années le line-up a pas
mal évolué. Beaucoup d’énergie et pas de temps-mort pour la première
bonne claque de la soirée. Avec 6 titres seulement pour se
présenter, les quatre musiciens ont choisi ne pas se focaliser sur
Black Nova, leur cinquième album sorti l'été passé, mais bien de
jouer un titre de chaque album, le tout avec une belle cohérence en
dépit des années d'écart qui séparent chaque opus. Comme ce sont des
marseillais, la communication avec le public francophone est aisée
et les musiciens ne s'en privent pas, remerciant le public à de
nombreuses reprises et parvenant même à mettre en place un petit
wall of death. Si Dagoba n'a évidemment pas eu toute la scène à
disposition, en revanche au niveau du son et des lights, ils n'ont
pas été limités et ont eu les moyens de faire une très belle
impression.
Setlist: I, Reptile / The Man You're Not / Inner
Sun / When Winter / The Sunset Curse / The White Guy And The Black
Ceremony
Vader
Autre époque, autre style et autre pays avec Vader. Pour autant, on
reste dans la thématique Star Wars amorcée par Dagoba pour un
concert tourné vers le passé. Dans leur longue carrière, les
polonais de Vader ont changé à plusieurs reprises de styles entre le
speed, le thrash et le death, mais ce soir c'est un concert consacré
aux 25 ans de leur premier album The Ultimate Incantation. Un album
formidable sans remplissage, peut-être parce qu'ils avaient mis 9
ans à le sortir. Par comparaison, Black Sabbath a sorti ses 8 album
(et pas des moindres) avec Ozzy pendant ses 9 premières années
d'existence! Le concert commence à l'heure, sans grand artifice,
avec 4 musiciens dont le leader Piotr « Peter » Wiwczarek bardé de
cuir et de clous. Grosse déception après l'énorme prestation de
Dagoba, le son est ridicule et la voix sous-mixée. Après quelques
morceaux cela sera bien corrigé, heureusement, et on peut même dire
que sur la fin c'était puissant et plus en ligne avec le statut de
groupe culte de Vader.
Au niveau de la présence sur scène,
c'est également le minimum syndical, avec un chanteur qui s'est à
peine plus déplacé que le batteur. Le groupe remerciera en revanche
à plusieurs reprises le public en lui demandant également de se
bouger un peu (de qui se moque-t'on?). Comme annoncé, la setlist du
soir est consacrée à The Ultimate Incantation joué en intégralité (à
un morceau près) et sans rappel. Ultime petit clin d'oeil Star Wars
en toute fin de concert avec la Marche Impériale jouée dans la sono
pendant que le groupe salue son auditoire. En conclusion, on dira
poliment que Vader semblait un peu usé pour tenir le rythme d'une
soirée bien lancée par les fous furieux de Dagoba.
Setlist:
Dark Age / Vicious Circles / The Crucified Ones / The Final Massacre
/ Testimony / Chaos / One Step To Salvation / Demon’s Wind /
Decapitated Saints / Breath Of Centures / Imperial March (Tape)
Kreator On parle souvent du Big 4 du
thrash en référence aux quatre groupes américains emblématiques de
ce mouvement. Mais si le plus connu (oui Metallica, bravo, 1 point
pour toi) a abandonné ce style de musique depuis bientôt 20 ans, du
côté des cousins German, pas question de modifier quoi que ce soit à
la recette originale. Actif depuis plus de 35 ans, les hommes de
Mille Petrozza distillent un thrash metal qui a fait leur réputation
depuis longtemps. Ce mardi soir, ils sont encore au début de leur
tournée européenne Gods Of Violence, amorcée par 5 dates françaises
avec les mêmes comparses, et prêts à tenir leur statut de tête
d'affiche.
La salle est désormais bien remplie avec un parterre très compact
(balcon fermé). Cela fait bien trente minutes que Vader a terminé et
la sono balance du vieux Maiden. Plutôt que de courir vers les
collines comme le conseille le père Bruce, les métalleux préfèrent
s'agglutiner devant les crash barrières. A 21.30 heures, Kreator
prend le relais pour un peu plus de 90 minutes de thrash. Le son est
énorme et très clair dès les premiers morceaux Phantom Antichrist et
le nouveau Hail to the Hordes. Au niveau du lightshow, c'est bien
sombre avec quelques stroboscopes dès que le rythme s'accélère.
D'ailleurs, puisque l'on parle de rythme, c'est l'occasion de
préciser qu'il était impossible d'apercevoir le batteur de Kreator,
perché en hauteur derrière son énorme drumkit et dans l'obscurité.
Par contre, difficile de ne pas l'entendre tellement les parties de
batterie sont monstrueuses et le gars a tenu le tempo toute la
soirée. En bon showman, Mille harangue la foule dès qu'il le peut et
déjà sur le deuxième morceau, il invite le public à un circle pit
pour voir ce dont les Suisses sont capables. Pas de besoin de le
répéter deux fois. Ce soir il y avait du boulot pour le service de
sécurité et les photographes dans le pit devaient se veiller à
protéger leur arrières de quelques adeptes du slam.
Les
classiques se sont enchainés entre les nombreux remerciements d'un
Mille Petrozza reconnaissant. Avec un catalogue aussi fourni, il n'y
a que l'embarras du choix. Bien entendu l'essentiel est consacré au
dernier album dont pratiquement la moitié sera jouée ce soir. Le
concert a continué ainsi avec l'intro d'Army of Storms prolongée par
Enemy Of God et Satan Is Real qui rappellent également que la
religion tient une place de choix dans les textes de Petrozza. Ce
dernier a sorti ensuite un énorme drapeau à l'effigie de son groupe
qu'il agitera seul sur scène en s'adressant à ses fidèles. Comme dit
avant, le son est incroyable et surtout personne ne fait d'erreur.
De loin, difficile de se faire une opinion, mais on ne peut
s'empêcher de trouver cela un peu suspect. Au bénéfice du doute, on
dira que ce sont quatre musiciens hyper doués, mais cela reste
curieux. Après toute une série de morceaux dont deux très anciens,
Flag of Hate et Total Death, le set s'achève par un monstrueux
Totalitarian Terror qui remonte l'intensité d'un cran (comme si
c'était encore possible).
Bien sûr, il y a aura un rappel,
trois morceaux en l’occurrence, avec d'abord l’excellent Fallen
Brothers lui aussi extrait du nouvel album. Pendant le morceau, des
portraits noir/blanc sont projetés en arrière-fond. Pas facile de
bien voir, mais on reconnaît Amy Winehouse (!!) parmi la gallerie.
Le morceau suivant sera dédié par Petrozza aux deux groupes qui
accompagnent Kreator sur cette tournée, qu'il a d'ailleurs
longuement complimentés, mais aussi le public qui vient aux concert
et soutient le groupe depuis longtemps. Étonnamment, après une telle
intro, il lance la chanson "Betrayer" (littéralement "celui qui
trahit" !?) tout en demandant encore un circle pit à Lausanne.
Finalement, le show se termine avec le classique Pleasure To Kill et
Kreator quitte la scène sous les acclamations de la foule.
Setlist: Phantom Antichrist / Hail To The Hordes / Army Of
Storms (intro) / Enemy Of God / Satan Is Real / Civilization
Collapse / People Of The Lie / Flag Of Hate / Phobia / Gods Of
Violence / Total Death / From Flood Into Fire / Hordes Of Chaos /
Violent Revolution / Totalitarian Terror / Fallen Brother / Betrayer
/ Pleasure To Kill
A noter que le mois de février des
Docks va lui aussi débuter par un concert de Metal allemand, avec
les vétérans d'Accept.
|
|