En 1992, les Guns N'Roses se font un nom auprès du grand
public avec leur interminable tournée Use Your Illusions, Metallica
explose également sur la scène internationale avec son Black Album
dont les ventes atteignent des records et enfin, Nirvana devient un
groupe générationnel à son tour dans le sillage de Kurt Cobain. Pas
facile d'exister dans ce contexte. Pourtant, Blackie Lawless, l'âme
de WASP, en rajoutera une couche avec un concept album mythique,
bien inspiré par les Who, « The Crimson Idol », qui narre
l’ascension et surtout la chute d'un musicien. Difficile de ne pas y
avoir de parallèle avec la vie de son auteur. A l’époque, un film
est même tourné pour accompagner le disque, mais il ne sera pas
commercialisé.
25 ans plus tard, Blackie Lawless
décide de l'emmener à nouveau sur la route pour célébrer
l’anniversaire, de ce qui est, il faut l'admettre, son dernier chef
d'œuvre (même si par exemple « Still Not Black Enough » était
vraiment excellent aussi).
Annoncée depuis de nombreux mois,
la tournée faisait un arrêt à Lausanne aux Docks ce vendredi 10
novembre 2017, avant de repartir à l'inévitable Z7 pour la seconde
étape suisse du lendemain.
La soirée, complète quelques jours plus tôt, était attendue de pied
ferme par un public très varié, des fans de la première heure à des
plus jeunes venus découvrir un groupe majeur de la scène heavy
metal, dont les meilleures chansons sont désormais des classiques.
Rain La première partie est confiée aux
italiens de Rain, qui proposent un heavy metal assez classique. Les
gars débordent d’énergie, en font des tonnes et sont visiblement
très contents d'être sur scène. C'est bien exécuté mais cela reste
d'un niveau musical plutôt moyen. Heureusement, dans le cadre d'un
concert, cela passe encore assez bien et les gens ont l'air content
du spectacle qui s'est achevé par « Black Ford Rising ». Pas le
temps pour un rappel.
Pendant le changement de scène, la sono
balance tous les standards du heavy metal, avec Judas Priest,
Maiden, Manowar, Accept, etc. que les gens commencent à reprendre en
chœurs dans les premiers rangs.
W.A.S.P.
Ce soir, le programme est relativement simple et connu d’avance : ce
sera « The Crimson Idol » en intégralité. Avec du retard, les quatre
musiciens entrent sur scène sur « The Titanic Ouverture ».
L’éclairage est faiblard pour mettre en valeur les projections. Il y
a en effet trois grands écrans sur la scène qui passent en continu
des extraits noir-blanc du film tourné à l'époque. Blackie Lawless a
son costume de scène traditionnel, c’est-à-dire bottes blanches à
franges assorties à ses genouillères avec un pantalon en lycra
foncé. Il est accompagné de ses fidèles acolytes Doug Blair
(guitares) et Mika Duda (basse, qui a son nom tatoué sur le bras si
jamais vous ne le remettez pas), ainsi que d’un nouveau batteur.
Les premières chansons sont bien exécutées, mais le groupe est pas
mal en retrait, Blackie a le visage fermé et ne communique
absolument pas. La priorité semble donnée au film et on a vraiment
l’impression d’assister à une projection. D’ailleurs, dès qu’il peut
Blackie se tourne vers son batteur et on ne voit plus que son dos.
L’occasion d’avoir une petite pensée pour les photographes présents
ce soir qui ont bien galéré. J’aurai dû en faire partie, mais
finalement le pit était déjà plein, d’où les quelques photos très
moyennes pour illustrer cet article qui ont été prises avec mon
téléphone.
Sur les premières chansons, je trouve que la voix
de Blackie est un peu cramée et qu’il a de la peine à envoyer.
Heureusement, cette impression ne dure pas et après quelques
minutes, il dispose de toutes ses capacités. Etonnant également de
voir une telle bête de scène rester immobile pendant tout le set.
Musicalement, rien à redire, l’exécution est propre et le guitariste
Doug Blair est tout simplement prodigieux. Quand on le regarde tout
à l’air simple. En plus, comme son compère à la basse, il participe
aux backing vocals. Le nouveau batteur a déjà l’air bien à l’aise et
Blackie assure également ses parties guitares voix. Les temps forts
de ce premier set ce sont bien évidemment « Chainsaw Charlie » (sans
vraie tronçonneuse sur scène malheureusement ; tout se perd !) et
les ballades « The Idol » et « Hold On To My Heart ». La tournée
annonçait que trois morceaux inédits composés à l’époque seraient
également joués pour la première fois. Au final, rien de tout cela.
On a eu droit aux dix morceaux de l’album et c’est tout.
Le rappel sera complètement différent. Après avoir attendu de
longues minutes la fin de la projection avec les crédits comme au
cinéma, le groupe se fait désirer. Dans la sono, on a droit à un
très curieux megamix des tubes de WASP (quelques secondes chacun !).
Finalement, ils reviennent avec un bon éclairage et une attitude
tout opposée. Si la setlist indiquait d’abord « The Real Me »,
celle-ci ne sera toutefois pas jouée, WASP démarrant le rappel
directement avec le morceau suivant « LOVE Machine ». Désormais les
écrans servent à passer des extraits des clips de l’époque et
Blackie reprend son rôle de bête de scène. Et ce n’est pas un
sérieux embonpoint (au passage, il y a un temps pour tout, y compris
le lycra moulant après 60 ans) qui l’empêche de courir de gauche à
droite. Après ce premier hymne, il vient teaser les premiers rangs
en lançant les premières notes du riff de « Wild Child » puis en
nous en offrant une superbe version pour le plus grand plaisir de
tous. Ce sera ensuite « Golgotha » du dernier album studio qui se
fera une place dans le rappel avant qu’un « I Wanna Be Somebody »
version karaoké ne clôture une superbe prestation.
A noter
que contrairement à sa réputation, Blackie Lawless se sera montré
plutôt sympa pour signer des disques et autres souvenirs aux fans
qui l’auront attendu dans le froid près de son bus.
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